150 travailleurs et travailleuses venus de France ont manifesté ce matin à Lausanne et Pully contre la fermeture de l’usine Tetra Pak à Longvic (Bourgogne-Franche-Comté). Devant le siège social de l’entreprise, ils ont rappelé la bonne santé financière de Tetra Pak et affirmé que 350 emplois sont menacés dans le seul but d’accroître les profits du groupe. L’inter-syndicale française et Unia exigent le retrait pur et simple du projet de fermeture du site.
Plus de 150 personnes se sont rassemblées à 10h30 au quai d’Ouchy, à Lausanne, avant de former un cortège jusqu'au siège social du groupe à Pully (VD). La délégation franco-suisse a scandé des slogans dans une ambiance festive mais combattive. Devant les bâtiments du groupe, les orateurs et oratrices ont rappelé à la foule les enjeux d’une telle fermeture pour l’emploi, pour le respect des droits des salarié-e-s, ainsi que pour la solidarité transfrontalière. Des briques d’or ont été jetées devant le siège de la multinationale suédo-suisse pour dénoncer sa recherche aveugle du profit. Une brique géante a été gonflée devant l’entreprise. Après un piquet de manif, une délégation de travailleurs et travailleuses a pu rencontrer un représentant du siège social. La manifestation s’est terminée à 13h30.
Des profits plutôt que la durabilité sociale et environnementale
Le groupe suédo-suisse Tetra Pak a annoncé sa volonté de fermer les papeteries de Dijon à l’automne 2025 pour délocaliser la production. Ce projet managérial ne répond à aucune nécessité économique selon les chiffres de l’entreprise consultés par le Comité social et économique (CSE). Il menace pourtant plus de 350 emplois directs et indirects dans la capitale de la Bourgogne voisine.
« Le groupe et le secteur d’activité du groupe n’éprouvent aucune menace sur leur compétitivité, ils subissent les aléas normaux de toute activité économique dans le secteur marchand. On sait que de nombreux salariés resteront sans emploi et que ceux qui en retrouveront un seront moins bien payés, plus précaires, et plus loin de chez eux. » a affirmé Ralph Blindauer, avocat des travailleurs.
Les participant-e-s à la manifestation ont également pointé du doigt l’hypocrisie de l’entreprise en rappelant son slogan « Tetra Pak protège ce qui est bon ». En privant plusieurs centaines d’employé-e-s de travail, tout en délocalisant la production qui sera réacheminée en France par camions, Tetra Pak ne semble donc protéger ni les salarié-e-s qui ont contribué à son succès, ni l’environnement. Pour Mohamed Aouidat, délégué syndical, « produire en Serbie, Hongrie et Espagne pour acheminer les emballages jusqu’aux usines françaises est une vaste fumisterie pour l’environnement. »
Déjouer les frontières pour un combat syndical efficace
La manifestation contre la fermeture du site de Longvic est également l’occasion de rappeler l’importance de la solidarité transfrontalière dans la lutte syndicale. Premièrement, la région Bourgogne-Franche-Comté borde la frontière suisse de Genève à Porrentruy. Du fait des nombreux échanges entre ces deux régions, le destin des travailleurs et travailleuses autant que celui des entreprises sont interdépendants. Deuxièmement, la Suisse abrite de nombreux sièges de multinationales. C’est donc dans notre pays que des décisions qui concernent les travailleurs et travailleuses du monde entier sont prises. La solidarité syndicale est importante afin de faire comprendre aux élites économiques qu’elles ne pourront plus se cacher dans nos montagnes et au bord de nos lacs.
Solidarité des syndicats suisses
Dans son intervention, le Président de l'Union syndicale vaudoise Dominique Gigon a apporté le soutien des syndicats vaudois à la lutte pour l'emploi. Le secrétaire régional d’Unia Vaud Arnaud Bouverat a souligné que le combat de l’inter-syndicale française rappelle des combats encore très récents de la défense de la place industrielle locale. Il a rappelé l’importance du maintien d’un appareil de production de proximité pour répondre tant aux enjeux environnementaux que sociaux. La démission du monde politique sur ces enjeux, en France comme en Suisse, est irresponsable. En conclusion, Ralph Blindauer a rappelé que les lois françaises sont moins permissives qu’en Suisse et que la direction de Tetra Pak se doit à ce titre de reconsidérer sa décision.